THCP : Tout savoir sur le tétrahydrocannabiphorol

THCP : Tout savoir sur le tétrahydrocannabiphorol

Introduction

Le monde des cannabinoïdes évolue rapidement, et de nouvelles molécules continuent d’être découvertes ou synthétisées. Le tétrahydrocannabiphorol, plus communément appelé THCP, fait partie de ces composés ayant récemment gagné en popularité. Présent à l’état de trace dans certaines variétés de cannabis, il est souvent extrait, isolé ou produit sous forme semi-synthétique à des concentrations relativement élevées. Cela entraîne un engouement particulier, car le THCP est réputé pour avoir une affinité nettement supérieure aux récepteurs cannabinoïdes, comparativement à d’autres composés comme le THC ou le CBD.

Cependant, comprendre l’impact du THCP ne se limite pas à la seule question de sa puissance. Les utilisateurs l’évoquent pour ses effets relaxants, analgésiques ou encore anxiolytiques, tandis que d’autres témoins soulignent son potentiel psychoactif marqué. De plus, l’absence de balises légales claires dans de nombreux pays a pendant quelque temps facilité la commercialisation de produits riches en THCP, intégrés à des huiles, des fleurs, des résines ou encore des vapes. En France, la législation a commencé à évoluer pour encadrer ce nouvel arrivant, créant ainsi des zones d’ombre et des changements importants à venir.

Dans cet article, nous allons passer en revue tout ce qu’il faut savoir sur le THCP. Nous aborderons son histoire, sa structure chimique, la manière dont il agit sur l’organisme et les effets potentiels qu’il peut provoquer. Nous ferons également un point sur la réglementation, sur les risques liés à la consommation (notamment au niveau neuro-psychiatrique), et sur la légalité parfois controversée de ce produit. Tout au long de notre exploration, nous nous baserons sur les dernières études, sur des cas d’intoxication rapportés et sur les tendances commerciales, afin de vous fournir l’article le plus complet et le plus à jour possible.

Le THCP demeure une substance en cours d’étude, et il est essentiel de s’informer précisément pour adopter une approche responsable, d’autant plus que la législation avance rapidement. Découvrons ensemble l’univers fascinant de ce cannabinoïde, ses promesses, ses dangers potentiels et les bonnes pratiques pour éviter les déconvenues.

Qu’est-ce que le THCP ?

Le THCP, ou delta-9-tétrahydrocannabiphorol, est un cannabinoïde qui se distingue du THC en raison de sa structure chimique particulière. Au niveau moléculaire, la différence la plus notable concerne la longueur de la chaîne latérale alkyle. Là où le THC classique présente une chaîne de cinq atomes de carbone, le THCP en possède sept. Ce simple détail a une influence directe sur la manière dont la molécule interagit avec les récepteurs endocannabinoïdes du corps humain, à savoir les récepteurs CB1 et CB2.

Pour rappel, notre organisme dispose d’un système endocannabinoïde (SEC) qui régule de nombreuses fonctions physiologiques et psychologiques, de la gestion de la douleur à l’homéostasie (équilibre interne), en passant par l’humeur et l’appétit. Les cannabinoïdes, qu’ils proviennent de la plante de cannabis ou qu’ils soient produits de manière synthétique, se fixent sur ces récepteurs CB1 et CB2, déclenchant ainsi une série de réactions biochimiques responsables de leurs effets. Dans le cas du THCP, les premières recherches indiquent une affinité particulièrement élevée pour le récepteur CB1 – jusqu’à 30 fois supérieure à celle du THC dans certaines études préliminaires.

Cette affinité renforcée se traduirait potentiellement par des effets plus marqués, qu’il s’agisse d’effets à but récréatif ou à but thérapeutique. Certains consommateurs rapportent un effet euphorisant, relaxant ou même sédatif beaucoup plus rapide et intense qu’avec d’autres formes de THC. Il est toutefois primordial de noter que la recherche reste encore limitée. Le THCP a été identifié pour la première fois en 2019 et il faut, en général, plusieurs années de travaux scientifiques pour cerner les particularités et la sécurité d’une molécule.

Malgré tout, cela n’a pas empêché la multiplication de produits à base de THCP sur le marché. Des déclinaisons variées – fleurs, huiles, résines, vapes ou encore gummies – ont rapidement été proposées aux consommateurs, séduits par l’idée d’un cannabinoïde plus puissant que le THC classique. Cette popularité, couplée à un flou juridique initial, explique en grande partie pourquoi le THCP a rapidement intégré certains circuits de distribution légaux ou semi-légaux. De nombreux pays n’avaient, en effet, pas encore mis à jour leurs législations pour encadrer ce nouveau venu.

Découverte et contexte scientifique

L’histoire récente du THCP, découvert en 2019, reflète à quel point la science se penche de plus en plus sur les multiples composés présents dans le cannabis. Alors que le THC et le CBD dominent les débats médiatiques et scientifiques depuis des décennies, les chercheurs ont commencé à explorer d’autres molécules émergentes, souvent présentes au sein de la plante à des concentrations infimes, mais susceptibles d’exercer des effets notables sur l’organisme.

Le THCP a initialement été identifié par une équipe de scientifiques italiens. En analysant des variétés de cannabis et en étudiant la chimie des cannabinoïdes, ils ont mis en évidence la présence naturelle du THCP en quantités très faibles. L’attention s’est alors rapidement portée sur la particularité de sa chaîne latérale de sept atomes de carbone. Les tests in vitro suggèrent en effet que le THCP interagit plus fortement avec le récepteur CB1, principal récepteur psychoactif du système endocannabinoïde.

Il convient également de souligner que ce qui intéresse le plus la communauté scientifique, c’est autant le spectre d’action du THCP que sa potentielle toxicité. Les études menées sur le THC et d’autres cannabinoïdes montrent qu’un affaiblissement ou un renforcement de l’affinité envers les récepteurs CB1 et CB2 peut avoir des conséquences considérables en termes d’effets thérapeutiques ou d’effets secondaires. Ainsi, le THCP suscite à la fois espoir et prudence chez les chercheurs, d’autant que le manque de données cliniques approfondies rend encore difficile un consensus quant à son profil de sécurité.

En parallèle, l’essor de la recherche sur les cannabinoïdes a mis en avant la notion d’« effet d’entourage » : l’idée selon laquelle divers composés du cannabis agissent en synergie pour moduler leurs effets respectifs. Autrement dit, la présence de THC, de THCP, de CBD, de terpènes et d’autres substances dans un mélange complexe pourrait conduire à des résultats différents de ceux observés lorsque ces composés sont isolés. Les scientifiques poursuivent donc leur exploration pour déterminer le rôle précis du THCP dans ce phénomène, ainsi que son réel intérêt pour des applications médicales ciblées telles que le soulagement de la douleur, le contrôle des nausées ou la réduction de l’anxiété.

Effets psychoactifs et mécanismes d’action

Affinité pour les récepteurs CB1 et CB2

Les chiffres avancés dans certaines études évoquent une affinité pour CB1 qui pourrait être jusqu’à 30 fois supérieure à celle du THC, tandis que celle pour le récepteur CB2 serait environ 5 à 6 fois plus forte. Si ces valeurs demandent à être confirmées par des recherches supplémentaires sur l’être humain, elles expliquent déjà pourquoi les effets psychoactifs du THCP peuvent sembler amplifiés, même à des doses relativement modestes.

Conséquences sur l’effet psychoactif

Parmi les retours anecdotiques, certains consommateurs décrivent une sensation d’euphorie et de relaxation très marquée, parfois accompagnée de vertiges ou d’une légère confusion. Les sens peuvent être altérés, tout comme la perception du temps. Les patients à la recherche de bienfaits thérapeutiques indiquent pour leur part un soulagement de certaines douleurs chroniques, ainsi qu’un potentiel effet anxiolytique. Toutefois, ces témoignages ne se substituent pas à des preuves cliniques rigoureuses et soulignent la nécessité d’aborder la consommation du THCP avec prudence, compte tenu de son action supposément plus puissante.

Une autre dimension à considérer est la potentielle toxicité du THCP, encore mal comprise. Il est admis que tous les cannabinoïdes s’accompagnent de risques lorsqu’ils sont mal dosés, ou lorsqu’ils interagissent avec d’autres substances. Dans le cas du THCP, ce risque est accentué par le fait qu’une petite quantité peut suffire à déclencher des effets prononcés. Les réactions du corps varient grandement selon la tolérance individuelle, la sensibilité neurochimique et l’état de santé général de la personne. Ainsi, ce qui peut paraître anodin pour un consommateur expérimenté peut se révéler particulièrement perturbant, voire dangereux, pour un autre.

Facteurs d’amplification

Certains produits sur le marché combinent le THCP avec d’autres cannabinoïdes, voire avec des terpènes spécifiques, dans le but de créer ce que les fabricants décrivent comme un « entourage effect » amélioré. Dans la pratique, ces mélanges peuvent renforcer l’intensité des effets ressentis, rendant encore plus difficile le contrôle du dosage. Pire encore, l’absence de normalisation dans la production (malgré l’arrivée progressive de réglementations) peut entraîner des variations de concentration d’un lot à l’autre, exposant les consommateurs à des effets imprévisibles.

À la lumière de ces éléments, il est clair que le THCP présente un potentiel psychoactif supérieur à la moyenne et requiert une approche d’une grande prudence. Il n’est pas simplement une version « plus créative » du THC, mais bel et bien une molécule aux caractéristiques propres qu’il convient de comprendre avant d’envisager son usage, que ce soit dans un cadre récréatif ou thérapeutique.

Formes et méthodes de consommation du THCP

Le marché du THCP s’est développé rapidement au cours des dernières années, soutenu par l’intérêt des consommateurs à la recherche d’effets plus puissants, ainsi que par l’offre proposée par différentes boutiques spécialisées en ligne ou physiques. Dans ce contexte, on retrouve plusieurs formes de consommation, chacune présentant des caractéristiques propres en termes de concentration, de mode d’administration et de rapidité d’action.

Fleurs et résines

Proposées comme alternatives aux fleurs de cannabis classiques ou au haschisch, ces produits sont souvent présentés comme ayant une teneur plus élevée en THCP. Certaines fleurs infusées ou résines peuvent afficher des taux allant de 20 % à 60 % de concentration en THCP. Les résines de type Ice-O-Lator, particulièrement puissantes, peuvent grimper jusqu’à 70 % selon certains fabricants. Les utilisateurs notent généralement une montée en puissance progressive, bien que l’effet puisse être extrêmement marqué après quelques minutes, avec un pic qui peut durer plus longtemps que celui du THC.

Huiles et vapes

Les huiles infusées au THCP ont également gagné en popularité pour leur facilité d’utilisation et leur dosage plus flexible. On en trouve de différentes concentrations (5 %, 10 % ou plus), permettant aux consommateurs de gérer leur consommation au goutte-à-goutte. Toutefois, il est essentiel de vérifier la qualité du produit, notamment via des analyses de laboratoire, afin de s’assurer qu’il ne contient pas de substances indésirables et qu’il respecte la concentration annoncée.

Les vapes, quant à elles, constituent une méthode d’administration rapide, agréable pour certains, et aux effets quasi immédiats. Plusieurs marques proposent des cartouches ou des Puff jetables contenant des extraits concentrés de THCP (parfois associés à d’autres cannabinoïdes). Les arômes ajoutés visent souvent à rendre l’expérience plus plaisante ou plus discrète. Cela dit, la prudence reste de mise sur la provenance et la composition de ces liquides, car leur concentration élevée peut surprendre même les habitués des produits au THC.

Gummies et autres comestibles

Les gummies, sirops, cookies et autres produits comestibles sont également disponibles sur le marché. Leur mécanisme d’action diffère légèrement, car l’absorption gastrique prend plus de temps que l’inhalation, mais l’effet en retour peut être plus durable. Les concentrations en THCP varient, et les fabricants recommandent souvent de commencer par de petites doses afin d’évaluer sa tolérance. Il faut savoir que l’effet d’un comestible au THCP peut mettre 30 minutes à plus d’une heure avant de se manifester pleinement, et s’étendre sur plusieurs heures, ce qui peut s’avérer particulièrement intense.

Dans tous les cas, le mode de consommation doit être choisi avec soin, en tenant compte des sensibilités individuelles. Chaque forme de produit présente des avantages et des inconvénients spécifiques. Avant de se lancer, il est nécessaire de bien se renseigner sur la composition exacte du produit et de respecter le principe de précaution, terreau d’une consommation raisonnée.

THCP vs autres cannabinoïdes

Bien qu’il soit souvent comparé au THC, le THCP n’est pas la seule molécule émergente sur le marché. D’autres cannabinoïdes, comme le CBD, le CBC ou le H4CBD, occupent aussi l’espace médiatique et commercial. Pour mieux comprendre où se place le THCP, il est utile d’examiner les différences avec ces composés, qu’elles concernent la psychoactivité, le potentiel thérapeutique, la légalité ou la popularité auprès des consommateurs.

THCP et THC

La comparaison la plus évidente est celle entre le THCP et le THC. Le THC est présent de façon majeure dans la plante de cannabis et reste le principal responsable des effets psychoactifs de celle-ci. Le THCP, en revanche, n’est présent qu’à l’état de trace, ce qui ne l’empêche pas, lorsqu’il est isolé ou synthétisé, de présenter une puissance potentiellement plus élevée. Le THC est depuis longtemps étudié pour ses applications médicales (anti-nausée, antidouleur, stimulant de l’appétit), tandis que la connaissance scientifique du THCP demeure embryonnaire.

THCP et CBD

Le CBD (cannabidiol) est un cannabinoïde non psychoactif ou très peu psychoactif, considéré comme sûr dans la plupart des études. Il est utilisé pour soulager la douleur, réduire l’anxiété ou favoriser le sommeil, sans provoquer la sensation de « high » associée au THC. Comparé au THCP, le CBD agit différemment sur le système endocannabinoïde, se liant moins fortement aux récepteurs CB1. De ce fait, il ne partage pas la même intensité psychoactive et ne présente pas les mêmes risques d’effets secondaires comme l’altération de la perception ou l’augmentation du rythme cardiaque.

THCP et H4CBD

Le H4CBD, souvent décrit comme une forme hydrogénée du CBD, attire aussi l’attention pour ses possibles propriétés thérapeutiques, sans l’effet planant associé au THC ou au THCP. Certaines marques mettent en avant son pouvoir relaxant et sa stabilité chimique, bien qu’ici encore, de nombreuses études soient nécessaires pour valider ces revendications. Contrairement au THCP, le H4CBD n’est pas suspecté de forte psychoactivité, ce qui oriente son usage vers des applications plus proches de celles du CBD.

En somme, le THCP se distingue nettement de ses « cousins » du point de vue de la puissance psychoactive, mais aussi du fait de sa courte histoire en matière de recherche. Contrairement au THC, qui bénéficie de dizaines d’années d’études, le THCP n’en est qu’au stade initial : beaucoup de questions restent ouvertes, aussi bien sur ses propriétés pharmacologiques que sur ses éventuels usages médicaux ou sur ses risques, notamment en cas de consommation non encadrée.

Études de cas : intoxications au THCP

Au-delà du cadre théorique, certains cas d’intoxication rapportés mettent en évidence les dangers d’un usage mal maîtrisé du THCP. Dans une publication de “Toxicologie Analytique et Clinique” (Volume 36, Issue 2, Supplément, Juin 2024, Page S45), deux cas d’intoxication ont été signalés chez deux patientes de 42 et 36 ans. Ces femmes avaient consommé par voie orale quelques gouttes de deux huiles différentes, l’une étiquetée « CBD 4 % » et l’autre affichant une teneur étonnamment élevée, à hauteur de 10000 mg de THCP.

La première patiente a présenté des symptômes tels que nausées, vomissements et vertiges. Sur le plan clinique, des signes alarmants se sont manifestés, notamment une mydriase (dilatation des pupilles), une hypertonie spastique et un score de Glasgow de 10, suggérant une altération notable de la conscience. On a également relevé une lactatémie élevée, et un électroencéphalogramme (EEG) a montré la présence d’une encéphalopathie. La patiente a néanmoins pu quitter l’hôpital quelques jours plus tard, après la résolution de ses symptômes.

La seconde patiente, quant à elle, a souffert de troubles neurologiques importants allant d’une diminution de la vigilance (score Glasgow de 13) à une obnubilation persistante. Elle a également présenté des symptômes psychiatriques, notamment agitation, écholalie et comportements anormaux. Son état a nécessité un transfert en service de psychiatrie afin d’être stabilisée et suivie de près. Les analyses toxicologiques, effectuées par LC-HRMS et chromatographie en phase gazeuse, puis confirmées par des méthodes comme la RMN (Résonance Magnétique Nucléaire), ont mis en évidence des niveaux plasmatiques élevés de THCP (autour de 12 ng/mL).

Ces deux cas d’intoxication illustrent de manière frappante la réelle puissance et la dangerosité potentielle du THCP, surtout lorsque les produits introduits sur le marché ne sont pas soumis à un contrôle strict. Les effets neuro-psychiatriques graves observés soulignent la nécessité d’une réglementation plus précise, ainsi que d’informations claires auprès du public. De tels exemples sont indispensables à la communauté médicale et scientifique afin de mieux cerner les signes cliniques d’une intoxication au THCP et d’améliorer les protocoles de prise en charge, notamment sur le plan neurologique et psychiatrique.

Aspects légaux et réglementations

L’évolution législative autour des cannabinoïdes n’épargne pas le THCP. Dans de nombreux pays, le cadre juridique du cannabis reste marqué par la complexité : d’un côté, on voit des légalisations partielles ou totales du cannabis médical ou récréatif ; de l’autre, des interdictions strictes, voire assorties de sanctions pénales sévères. Le THCP, n’ayant initialement pas été explicitement mentionné dans la majorité des textes de loi, a pu être commercialisé sans entrave dans certains endroits, avant que les autorités sanitaires ne s’emparent du dossier.

En France, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) s’est penchée sur la question du THCP. Suite à des signalements et à l’évaluation du potentiel danger de ce cannabinoïde, l’organisme a annoncé son interdiction à compter du 3 juin 2024. Cette décision fait suite au constat de l’absence de recul scientifique sur la sécurité d’utilisation du THCP et aux cas d’intoxication préoccupants. Les boutiques avaient donc jusqu’à cette date pour écouler leurs stocks, sous réserve de ne pas encourir de mesures légales une fois le produit formellement interdit sur le marché.

D’une manière générale, le THCP fait aujourd’hui partie d’un large éventail de nouveaux cannabinoïdes non réglementés ou mal réglementés, qui se heurtent progressivement à des législations en cours de définition. À titre de comparaison, d’autres pays adoptent des approches différentes : certains classent immédiatement tout dérivé du cannabis comme stupéfiant, d’autres mettent en place des listes spécifiques pour chaque nouvelle molécule apparaissant sur le marché. Dans certains contextes, l’analyse du taux de THC (et non du THCP) reste le seul critère légal, ajoutant à la confusion.

Le cadre légal évoluera probablement dans les mois et années à venir, à mesure que de nouvelles données scientifiques sur le THCP émergeront. En attendant, les consommateurs doivent prendre conscience que la relative liberté dont le THCP a pu bénéficier relève souvent du vide juridique, et non d’une véritable reconnaissance de son innocuité. Pour les fabricants et distributeurs, les risques de sanction s’intensifient, tandis que les autorités poursuivent leurs investigations pour évaluer l’ampleur du phénomène et la dangerosité du produit.

Conseils de prudence et avertissements

Au vu de la puissance du THCP et des retours concernant ses effets possiblement intenses, il est primordial d’adopter une approche extrêmement prudente. Même s’il est proposé à la vente en ligne ou en boutique, cela ne garantit pas son innocuité. Voici quelques recommandations à garder à l’esprit avant d’envisager la consommation de THCP :

1. Vérifier la source et la qualité

Assurez-vous que le produit que vous achetez provient d’une source fiable, idéalement labellisée ou justifiant d’analyses poussées en laboratoire. Les certificats d’analyse, lorsqu’ils sont disponibles, permettent de vérifier la concentration exacte en THCP et l’absence de contaminants (pesticides, solvants résiduels, métaux lourds, etc.).

2. Commencer avec de très faibles doses

Étant donné l’affinité accrue du THCP pour les récepteurs CB1, une petite dose peut suffire à provoquer des effets marqués. Il est donc fortement conseillé de commencer avec une quantité minimale, puis de laisser passer suffisamment de temps pour évaluer sa tolérance. Les effets du THCP peuvent se manifester plus tard que ceux du THC classique, notamment s’il est ingéré sous forme d’huiles ou de gummies.

3. Surveiller les réactions du corps et de l’esprit

Soyez attentif à tout signe inhabituel : vertiges prononcés, nausées, hausse de l’anxiété, confusion, comportements anormaux, etc. En cas de doute ou de symptôme sévère, il est essentiel de consulter un professionnel de santé dans les plus brefs délais. Les cas rapportés d’intoxication ont montré des symptômes graves pouvant nécessiter une prise en charge médicale.

4. Éviter la polyconsommation

Mélanger le THCP à d’autres substances (alcool, médicaments psychotropes, opiacés) peut amplifier les effets indésirables et augmenter significativement les risques d’accident ou de complications aiguës. Une attention particulière doit être portée aux interactions médicamenteuses qui pourraient potentialiser ou diminuer les effets du THCP, de même qu’aux phénomènes de surdose.

Enfin, rappelons que le THCP est considéré comme un cannabinoïde semi-synthétique dans bien des cas, et qu’il intervient dans un cadre législatif mouvant. L’usage de substances à fort pouvoir psychoactif n’est jamais dénué de risques, tant sur le plan psychique que physique, et il convient de se tenir informé des évolutions légales pour éviter toute infraction. Adopter une consommation responsable et raisonnable, quand bien même elle serait possible dans un contexte légal, reste une règle d’or pour tout produit à base de cannabis.

Conclusion

Le THCP, ou delta-9-tétrahydrocannabiphorol, s’est imposé en peu de temps comme l’un des cannabinoïdes les plus controversés, suscitant à la fois beaucoup d’intérêt et de fortes inquiétudes. Découvert récemment, il présente une affinité hors norme pour les récepteurs CB1, ce qui lui confère des effets psychoactifs particulièrement puissants. Les études de cas d’intoxication soulignent qu’il n’est pas anodin et peut conduire à des complications neurologiques et psychiatriques sérieuses, exigeant parfois une hospitalisation. Dans le même temps, certaines personnes y voient un potentiel thérapeutique inédit, notamment pour gérer la douleur ou l’anxiété, bien que les recherches scientifiques manquent encore de profondeur.

Contrairement à des cannabinoïdes plus étudiés comme le THC ou le CBD, le THCP se trouve encore dans une zone grise, tant sur le plan réglementaire que scientifique. La France, par exemple, a annoncé son interdiction à partir du 3 juin 2024, signe que les autorités sanitaires souhaitent prévenir les abus et encadrer davantage les usages. Si vous envisagez de vous procurer du THCP avant l’échéance, ou que vous habitez dans un pays où sa commercialisation est encore tolérée, redoublez de prudence : vérifiez la provenance des produits, respectez les dosages, tenez compte de vos antécédents médicaux et ne négligez jamais l’importance d’un suivi professionnel.

En définitive, le THCP demeure un sujet complexe et évolutif, oscillant entre perspectives médicales et risques d’abus. Les prochaines études apporteront, espérons-le, des éclaircissements sur son mécanisme d’action précis, son réel éventail d’applications thérapeutiques ainsi que les mesures de sécurité adéquates. D’ici là, information et modération restent les maîtres mots pour quiconque s’y intéresse.